Comme 190 autres bénéficiaires dans la Métropole, ces deux habitants du Trait sont accompagnés dans le cadre d’un dispositif visant à aider les jeunes coupés de toute institution.

Santé, emploi, accès aux droits, logement... De nombreux jeunes habitants doivent faire face à des difficultés sociales. Depuis 2019, la Métropole expérimente une nouvelle manière d’agir auprès des jeunes dits « invisibles* », avec une quinzaine de communes et des partenaires institutionnels et associatifs. Il ne s’agit plus de les attendre, mais d’aller les chercher en s’appuyant sur ceux qui les connaissent, pour les accompagner dans leur parcours d’insertion sociale et professionnelle.
Au Trait, 13 jeunes ont été repérés et suivis au centre social par Franck Roger, accompagnateur emploi-formation, et Nicolas Simon, éducateur spécialisé. Parmi eux, David Motte et Anthony Lenormand. David, 27 ans, a connu son lot de galères. « Je suis allé voir Franck en 2019. je n’avais pas d’emploi, pas de qualification, pas de logement, pas de droits... Je voulais m’inscrire pour toucher le RSA. Je voulais m’en sortir, devenir autonome. » Grâce aux partenaires du réseau coordonné par la Métropole, David a pu découvrir plusieurs secteurs d’activité – maraîchage, espaces verts – avant de trouver sa voie : le second œuvre dans le bâtiment. En parallèle, David et Franck travaillent sur la mobilité, les droits, tout ce qui peut permettre à David de prendre confiance, en lui et envers les institutions. Alors qu’il est maintenant prêt à intégrer un chantier d’insertion, David progresse sur tous les plans. « Mes projets, c’est m’insérer professionnellement, envisager des qualifications, obtenir le permis de conduire et un logement. » Franck et Nicolas sont toujours à ses côtés. « Nous nous appuyons sur son rythme... qu’il a d’ailleurs sérieusement accéléré ! » Plus jeune – il a tout juste 18 ans – Anthony a intégré le dispositif début 2021, après de longs mois de galère. « J’ai décroché lors du premier confinement, en 2020. J’étais en bac pro Ouvrier du bâtiment en métallerie, et placé à l’Idefhi. J’ai fugué, je dormais chez des copains, puis chez ma mère. » C’est d’ailleurs sa mère qui a présenté David à Franck. « La priorité était de stabiliser sa situation : l’accès aux droits, avoir une carte d’identité, la Garantie jeunes... Maintenant qu’il est rassuré, il est temps de se poser pour réfléchir à son avenir. » Il sera toujours accompagné par Franck et Nicolas. « La clé dans l’accompagnement, c’est la proximité, reprend Franck. Le dispositif métropolitain nous permet de consolider les réseaux et d’en faire émerger de nouveaux, de mieux connaître les prérogatives et les ressources de chacun. Il nous permet aussi de nous donner plus de visibilité auprès de nos concitoyens. » Le projet a été reconduit jusqu’en 2023, en vue de repérer d’autres jeunes.

*Les jeunes invisibles sont âgés de 16 à 29 ans, ni en étude, ni en emploi, ni en formation, et non accompagnés par le Service public de l’emploi ou par tout autre acteur de l’insertion sociale et/ou professionnelle.

Bilan de deux années d’expérimentation

> 192 jeunes repérés
> 79% sont des hommes
> 75% ont entre 19 et 26 ans

> 27 sont sortis pour formation ou rescolarisation
> 39 sont sortis pour un emploi (CDI, CDD, intérim de longue durée...)

> Seulement 33 jeunes (17%) ont mis fin à leur parcours de façon anticipée

> 68% sont inscrits à la Mission locale et/ou à Pôle emploi

Un dispositif reconduit

En 2019, la Métropole Rouen Normandie s’était engagée à élaborer une proposition collective de réponse à l’appel à projets lancé par l’Etat lancé dans le cadre du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) afin de « repérer et mobiliser les publics invisibles notamment les plus jeunes d’entre eux ». Quinze communes ont souhaité intégrer le Groupement : Canteleu, Darnétal, Elbeuf, Grand-Couronne, Le Trait, Malaunay, Maromme, Petit-Couronne, Le Petit-Quevilly, Rouen, Saint-Aubin-lès-Elbeuf, Saint-Etienne-du-Rouvray, Sotteville-lès-Rouen, Sotteville-sous-le-Val et Yainville.

La proposition de la Métropole a été retenue par l’État pour une durée de 2 ans, de septembre 2019 à août 2021 ; l’objectif étant de repérer et mobiliser 200 à 250 jeunes sur cette période. Le montant global du projet s’élève à 486 700 € dont 106 700 € financés par la Métropole Rouen Normandie. Pour le territoire métropolitain, ce projet est une opportunité pour renforcer le réseau des professionnels de terrain en mesure de repérer et d’aller vers ces personnes. Il offre la possibilité d’élaborer et d’expérimenter une organisation collective en mesure de mobiliser les jeunes qui ne bénéficient pas de l’offre de droit commun disponible pour faciliter leur insertion sociale et professionnelle.

L’État a prévu de reconduire ce dispositif. Le nouveau cadrage de l’appel à projets 2021 prévoit qu’une partie de l’enveloppe régionale pourra être allouée à l’abondement de projets déjà sélectionnés par la signature d’une nouvelle convention pour une durée de 20 mois (2021-2023). La candidature de la Métropole a été retenue pour prolonger et renforcer l’expérimentation pour une durée de 20 mois (2021-2023).