Pierre Déchelotte, médecin, clinicien et chercheur au CHU et à l’Université de Rouen et président de la société francophone nutrition clinique et métabolisme. Il ne compte pas son temps.

Giving tuesdayPierre Déchelotte est d’abord médecin. Un homme qui a prononcé le serment d’Hippocrate il y a quelques années et qui chaque jour, auprès de ses patients du CHU de Rouen, met en pratique cet engagement et cette vocation. Il se souvient certainement de ces phrases si chargées de sens : “Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité.” La solidarité, l’écoute, le partage, le soin, l’empathie sont au cœur de son activité. Et ils auraient pu s’en tenir là. Mais Pierre Déchelotte s’accorde respecter un autre précepte selon lequel “si on a des capacités, il faut les mettre en œuvre.” Et il ne manque pas de ressources en la matière. Présent sur tous les fronts, avec la même énergie.

Hyperactif

Quand il ôte sa blouse blanche, on le retrouve d’abord dans une association, baptisée Nourrir la vie, qui accompagne des patients souffrant de trouble du comportement alimentaire ainsi que leurs familles. “Ce sont à chaque fois des moments privilégiés et précieux. Ça crée une dynamique, un environnement différent entre le patient et les proches. Et pour nous médecins, c’est aussi un enrichissement humain très fort. “ Une fois sorti de l’enceinte du CHU de Rouen, on peut croiser encore Pierre Déchelotte au sein de l’association Rouen Terre d’accueil qu’il a fondée en 2016 et qu’il préside pour agir en faveur des familles de réfugiés et de migrants. “On se confronte à la difficulté que rencontrent ces personnes et on essaye de trouver des solutions pour de l’hébergement, des démarches administratives. Pour chacun de nous, c’est aussi une manière de découvrir des cultures, des parcours de vie.” Enfin, régulièrement, et plus souvent le mardi soir, on retrouve Pierre Déchelotte, à la tête des chœurs et de l’orchestre des hôpitaux et des universités de Rouen-Normandie (Chor-Hus). Cet ensemble qui compte aujourd’hui près de 70 choristes et 40 musiciens se produit une quinzaine de fois dans l’année. “les deux-tiers des recettes vont ensuite à des associations caritatives”, explique Pierre Déchelotte. “Une autre dimension du partage, au-delà de celui qui se joue entre les musiciens eux-mêmes et entre l’ensemble et le public.” Y auraient-ils plus de 24 heures dans les journées de Pierre Déchelotte ? D’où lui viennent un tel dynamisme et une telle générosité ? Réponse : “C’est contagieux je crois. Je me suis fait contaminer par de bons virus qui ont nourri mon sens du collectif et du partage.” Il faudrait donc remonter à l’enfance pour trouver l’origine de cette vocation.

Harmonie de vie

Pierre DéchelottePierre Déchelotte est le fruit d’une éducation mais aussi d’expériences qui ont forgé très tôt une conviction et un certain rapport à la vie et aux autres. “Dès le plus jeune âge, j’intègre un groupe musical, un chœur d’enfant à Paris. Les plus grands s’occupaient alors toujours des plus petits. Un modèle de fonctionnement participatif et solidaire.” Pierre Déchelotte ne démérite pas. A 12 ans, il commence comme responsable de l’armoire à partitions. Huit ans plus tard, il s’occupe de l’organisation des tournées du chœur à l’étranger et intègre l’équipe de direction. La musique fait partie de sa vie. Il y trouve un milieu favorable pour laisser s’épanouir son aspiration à la sensibilité et à l’écoute. “Un double partage. A l’intérieur du groupe, dans toute la diversité des voix et des personnes et dans le partage avec le public bien sûr.” Tout est dit.
Bien sûr, pendant ce temps-là, il y a aussi les études de médecine “autant pour l’intérêt scientifique que pour l’intérêt humain. J’ai failli être chirurgien à un moment donné. Mais j’avais besoin de davantage de rapports avec mes patients. Le lien avec la personne, dans sa globalité, est essentiel pour moi”, précise-t-il. Dès lors, Pierre Déchelotte n’aura de cesse de conjuguer en permanence la médecine et la musique, porté par “un ressourcement” dans le bénévolat. Pierre Déchelotte, l’homme de chœur, a trouvé sa voie en associant des tonalités, des inspirations, des vocations et des engagements pour finalement construire sa propre harmonie de vie avec les autres.