Les personnels soignants s’investissent corps et âme et agissent au plus près des malades. Témoignages.

« Je n’ai pas embrassé ma fille de 8 ans depuis le mois de mars. Je ne veux pas la contaminer », raconte Débora Hello. À 32 ans, elle est aide-soignante au centre hospitalier Intercommunal Elbeuf Louviers Val-de-Reuil, site des Feugrais à Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Elle travaille avec Olivia Da Cunha, infirmière, 35 ans, et Sandra Boughedaa, aide-soignante également, 42 ans, dans le service Soins de suite et de réadaptation gériatriques. En pleine deuxième vague de la pandémie, 24 lits sont consacrés aux patients touchés par la Covid-19, dont six lits pour des patients en phase aigüe.

Sandra explique : « je vivais beaucoup mieux la première vague. La charlotte, les lunettes, le masque, c’est dur toute la journée. Et puis j’ai toujours peur : je prends la vague en pleine figure. On ne s’habitue jamais aux décès. La maladie est très violente : j’ai vu une dame passer de 97 à 12% de taux d’oxygène dans le sang en 30 secondes. Elle n’avait plus de pouls… »

Portrait« Nous faisons des gardes de 12 heures, précise Olivia. On connait mieux nos patients. Mais c’est compliqué pour les aides-soignantes : le travail est très physique ». Il faut redresser les patients, les rallonger… « Ce sont des patients qui nécessitent beaucoup de surveillance », ajoute Sandra.

De cette pression, des décès qui se succèdent, aucune de ces soignantes ne parle à la maison. Elles sont mères, sœurs, femmes, amies. Débora dit clairement : « on est une équipe soudée, on en parle entre nous. On a choisi d’être là, et on est là ».

La première chose que fait Sandra en rentrant chez elle ? « Je prends une douche, je me lave les cheveux. Je veux être sûre d’en être débarrassée ». Pas question de contaminer un de ses trois enfants. Et elle ajoute : « Même si c’est pénible, il faut que tout le monde respecte les consignes. Si la population ne veut pas entendre, on va dans le mur ».

« J’ai un message à faire passer, conclut Olivia. Il faut que les gens se lavent les mains, portent le masque. Et pour tous les pessimistes : ça permet aussi d’éviter la gastro et la grippe. »