Koura Diouf, co-fondatrice de l’association Pour un avenir meilleur, conjugue en permanence sa vie au pluriel et au futur.

Giving tuesdayKoura Diouf se souvient. “C’était en 2017, j’accompagnais ma cousine Astou qui faisait son stage chez France Terre d’Asile. Nous avons croisé un groupe de jeunes migrants. Ils venaient du Soudan, de Somalie, de Guinée et d’Afghanistan. Ils erraient entre le boulevard des Belges et l’Ile Lacroix. “ Quelques mots échangés, une solidarité naturelle, instinctive avec ceux qui n’avaient ni toit, ni de quoi manger à leur faim. Et c’est sans doute ce jour-là qu’intervient le déclic décisif dans la vie de Koura Diouf. Le besoin pressant d’agir concrètement. “Oui, il y a eu une prise de conscience. Une responsabilité qui s’est aussitôt imposée à moi. Il y a des choses qui ne vont pas bien dans notre société et je sais que je ne peux pas à moi seule changer le monde. Mais je peux faire le bien autour de moi.”

Premiers pas

Sans perdre de temps, Koura Diouf rejoint un collectif d’associations qui intervient sur les Hauts de Rouen et notamment au sein de l’espace André-Malraux. Neuf mois passés à évaluer les besoins, les manques, les attentes et à apporter des réponses à des questions essentielles comme la nourriture, les vêtements, les soins, les obligations administratives. “Cette période intense a nourri mon engagement. J’ai rencontré des bénévoles exceptionnels, de tous les âges et de toutes les conditions socio-professionnelles. Des hommes et des femmes qui dédient leur vie à cette cause.” Koura Diouf n’oublie pas non plus la solidarité qu’elle retrouvait chez elle plus jeune. “Ma mère, c’est mon modèle. Elle qui consolidait le lien entre le Sénégal et la France et qui faisait de la maison un lieu d’accueil pour tous. La solidarité s’exprimait simplement à table autour d’un bon repas.”

Koura DioufUn nouveau cap vient d’être franchi sans doute. Et presque naturellement, c’est en février 2018 que Koura Diouf, avec d’autres bénévoles, fondent sa propre structure, baptisée Pour un avenir meilleur. Un nom qui en dit long. “Nous avons choisi un modèle collégial. Toutes les prises de décisions sont partagées, y compris avec les personnes que nous accompagnons”, précise Koura Diouf. L’objectif de l’association est clair et vient compléter d’autres dispositifs. Il s’agit d’apporter un soutien à des projets d’insertion pour des migrants, des personnes réfugiées, des demandeurs d’asiles. “Je préfère les appeler nos amis du monde”, insiste Koura Diouf. Souvent il faut commencer par l’urgence, le toit et le couvert. Mais après il faut aussi songer à s’installer, trouver un travail, avoir son autonomie. “Pour ça, nous ne sommes pas seuls. Nous nous appuyons sur les missions locales, le Pôle emploi, les réseaux d’entreprises.” Dans tous les cas, aujourd’hui, pour Koura Diouf et les autres bénévoles il y a le devoir d’agir et de faire valoir des droits pour toutes celles et tous ceux qui peuvent y prétendre. “C’est pourquoi, nous préférons parler de soutien et d’échanges plutôt que d’aide et d’accompagnement.”

Lutter contre les inégalités

Bien sûr, tout n’est pas rose. Il y a des moments plus difficiles que d’autres. Des obstacles à franchir, des résistances. Mais dans le même temps, “il y a des rencontres avec de belles personnes et l’enrichissement de notre culture à chacun”. Ne rien lâcher surtout ! “La volonté politique nationale ne facilite pas l’inclusion de ces personnes. Sans se décourager, il faut continuer à interpeller, à fédérer. Nous pouvons compter aussi le soutien de la Ville et la Métropole. Aujourd’hui, je ne me considère plus seulement comme une bénévole. Je suis aussi une militante pour la lutte contre les inégalités.”

Déterminée et enthousiaste, Koura Diouf poursuit son chemin, sans faillir et avec conviction. “Je n’imaginerai plus ma vie sans cet engagement. Je me sens plus riche aujourd’hui de cette expérience, de cette façon de vivre. J’ai conscience de ma responsabilité face à cette cause que je défends et rien ne me fera dévier de cette voie. ”